Infirmerie

-Ça y est, vous reprenez conscience ? Demanda une voix agréablement douce. Une voix féminine.

La première chose que Shio vit en ouvrant les yeux fut le plafond de la pièce où il reposait. Blanc uni. Puis son odorat fut assaillit par la forte odeur de désinfectant médical. Il tenta bien de se redresser, mais une douleur fulgurante au niveau de son œil gauche -qu'il ne parvenait pas à ouvrir- manqua de le faire de nouveaux sombrer dans les ténèbres de l'inconscience. Il se contenta donc de pivoter la tête sur le côté.

Une jeune femme se tenait devant lui, assise sur une chaise à côté du lit où il était allongé. La femme, vêtue des habits classiques des infirmières et des médecins, devait avoir dans la vingtaine d'année à peine révolue, et possédait des traits fins et harmonieux qui auraient suffit à eux seuls à apaiser la douleur des malades qui la regardaient.

-Je suis bien au château DarkLight ? demanda Shio, d'une voix calme qui contrastait avec son état qu'il devinait peu glorieux.
-Oui, répondit l'infirmière d'une voix douce avec un petit sourire. Vous avez dormi pendant deux jours. Nous vous avons transporté ici dès que vous êtes arrivé et avez perdu connaissance. Votre blessure était grave, mais votre constitution, alliée à une intervention rapide, a permit vous sauver. Votre œil, en revanche...

Son sourire s'était évanoui lorsqu'elle avait terminé sa phrase. Shio surmonta la douleur qui lui fit tourner la tête et s'assit sur son lit. Il tendit une main et la posa sur l'épaule de la jeune femme.

-Je m'y attendais, et je puis vous jurer que vous avez ma reconnaissance éternelle pour les soins que vous m'avez prodigué.

Sur ces mots, il se leva. Il constata aussitôt que ses vêtements avaient été lavés. Très bien. Deuxième constatation: il tenait sur ses jambes. Il s'y attendais, ses capacités de récupération étant bien au-dessus de celle des humains. La douleur était toujours fulgurante, mais il s'y ferait. Levant une main vers son oeil, il ne fut pas surpris de sentir un épais bandage entourer sa tête et son organe visuel. Bon, au moins, il cicatriserait sans problème.

Il enfila ses chaussures, posées au pied du lit, et prit la direction de la porte de l'infirmerie. La jeune femme aux longs cheveux châtain clair le retint par un bras, une lueur de surprise mêlée d'inquiétude dans le regard.

-Vous ne pouvez pas partir, vous êtes encore convalescent. Vous devez vous reposer.
-Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne vais pas bien loin, assura Shio avec sourire qui se voulait rassurant. Et je me sens mieux que je n'en ai l'air. Je suis un ange, vous savez ?

Surprise par cette réponse, la jeune femme ne s'en formalisa pas. Elle le savait, qu'il était un ange. Après tout, Shio était venu en volant, et avait atterrit dans la cour du château, perdant connaissance aussitôt à la vue de tous. Toujours est-il que la jeune femme le lâcha finalement. D'un pas aussi assuré que possible, l'Ange avança vers la porte, l'ouvrit, et s'apprêta à en passer le pas. Au dernier moment, il se ravisa et se retourna.

-Votre nom, mademoiselle ? demanda-t-il avec un sourire.
-Hime, répondit-elle, un peu surprise.
-Hime... Un très joli nom, je saurais m'en souvenir, si je suis de nouveau aux portes de la mort. Non, en fait, je m'en souviendrais quoi qu'il arrive. Je m'appelle Shio.

Puis il sortit.